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Interview exclusive de Claire Chazal

  • clementbargain
  • Oct 28, 2013
  • 6 min read

RENCONTRE EXCEPTIONNELLE AVEC CLAIRE CHAZAL DANS LA TOUR TF1 LE 11.10.2013

Clément Bargain : Le journalisme, c’est votre passion depuis 1981, quels ont été vos premiers pas dans le métier ?


Claire Chazal: Ce n’était pas une vocation d’étudiante. J’ai fait HEC mais j’ai très vite éprouvé l’envie d’écrire à la sortie de l’école. A la fin de mes études, j’ai été recrutée au « Quotidien de Paris », c’était un journal d’opposition à l’époque, assez audacieux et insolent. Ce fut un moment formidable pour moi, je suis restée 4 ans au service économique. L’économie, c’était ma matière : j’ai fait des études d’économie à côté d’HEC. Ensuite, je suis rentrée aux« Echos » et par hasard, j’ai été recrutée à la télévision en tant que reporter pour Antenne 2. Puis, de fil en aiguille, on m’a demandé de présenter le journal sur TF1.



Vous engager dans la présentation signifiait mettre de côté le reportage, l’investigation : Fut-ce un choix difficile à faire ?


Claire Chazal : Non, ça n’a pas du tout été difficile à partir du moment où j’étais à la télévision. Autant, quand j’étais en presse écrite, j’aimais beaucoup ce côté investigation : on passait notre temps à chercher des scoops, à sortir des études… Etant en économie, ce n’était pas de l’investigation policière mais c’était les grands moments de la politique de gauche qui suscitaient beaucoup de débats avec de fortes oppositions. Tout cela était très polémique et nous aimions beaucoup révéler des informations, comme publier ce qu’envisageait le ministère des finances par exemple. A la télévision, force est de constater que parler d’économie est difficile. Je n’ai donc pas été frustrée d’en venir à la présentation du journal, qui m’ouvrait un champ plus large et plus complet.



Les journaux du weekend marchent très bien, plus de 20 ans se sont écoulés et vous réalisez toujours des records d’audience. Selon vous, quelles sont les forces de ces journaux ?


C’est vrai que les journaux marchent bien. Miraculeusement, parfois, le dimanche soir, nous avons pratiquement 9 millions de téléspectateurs, ce qui est énorme compte tenu de ce que réalisent les chaines européennes et compte tenu aussi de la concurrence de plus en plus grande. C’est presque unique ! Il y a plusieurs choses qui font que TF1 marche, c’est tout d’abord l’attachement des téléspectateurs à la chaine. Ils sont conservateurs au bon sens du terme, c'est-à-dire qu’ils aiment avoir des références, retrouver des visages, être rassuré. Ensuite, il y a un véritable savoir-faire pour le journal qui a toujours été performant, particulièrement sur les événements. TF1 est souvent le plus réactif, le plus complet et le plus clair. Enfin, je pense qu’à côté de ces fondamentaux, on a su s’adapter à cette concurrence et construire le journal de façon à présenter une approche plus distanciée de l’information, plus globale et plus analytique. A tous les téléspectateurs abreuvés d’informations toute la journée, nous proposons une grille d’analyse. C’est sans doute cette adaptation qui fait que les gens sont fidèles.



Quel serait le meilleur souvenir de votre carrière ?


C’est difficile à dire. Mes débuts ont été magnifiques et c’est ce que je retiens. C’est ce qui m’a formée, fait découvrir instantanément le plaisir que j’avais d’exercer ce métier. Philippe Tesson a été mon premier patron, il m’a donné une grande liberté, incitée à oser ! Ce sont mes plus beaux moments. Après, ce sont d’autres émotions, d’autres apprentissages : la maturité,la popularité et tout ce qui va avec la télévision. J’étais heureuse dans la presse écrite, c’était ma découverte !



En parallèle, vous animez et écrivez quelques chroniques culturelles: on sent que la culture occupe une place très importante pour vous et que vous aimez la partager… Est-ce votre marque de fabriq’ ?


Cette année, je n’ai plus ma chronique dans le magazine « Féminin » mais j’ai toujours cette petite présence sur « Radio Classique » et j’y tiens beaucoup. Au fil du temps, les centres d’intérêts se transforment. Je suis partie d’un intérêt fort pour l’économie, ensuite je me suis vraiment intéressée à la politique et puis avec le temps, le petit volet à la fin du journal est un peu devenu ma passion. Je vais personnellement voir beaucoup de choses, j’aime ce milieu, j’aime la peur de l’acteur sur scène, découvrir de nouveaux livres, la musique et la danse… Cela a toujours été très fort chez moi et j’essaye d’introduire un peu de ça dans les journaux. Je pense que c’est très important, c’est une respiration à la fin du journal ! Dans la presse écrite, je commence souvent par les dernières pages. Je trouve que c’est boucler une boucle et c’est aussi offrir un petit aperçu à nos téléspectateurs qui n’ont pas toujours les moyens d’aller à l’opéra, de voir des expositions... Donc oui, c’est peut-être ma marque de fabriq’.



Est-ce une fierté d’être une femme à la tête des journaux du weekend de TF1 depuis plus de 20 ans ?


Je suis assez fière de durer par rapport à l’ensemble de la profession. Je pense que ce n’est pas très facile et que même si à TF1 on est assez attaché à la continuité, à la stabilité, j’aurais aussi pu être remerciée et c’est normal : c’est la vie. D’ailleurs, ca n’a pas toujours été facile, il faut se battre en permanence. J’aime vraiment ce que je fais et j’aimerais rester encore longtemps. Je suis une femme oui, mais je n’ai jamais senti que dans ce métier il y avait la moindre misogynie. J'ai toujours senti que je pouvais l’exercer à égalité avec un homme. Je sais que dans notre société, il y a beaucoup de domaines dans lesquels les femmes sont minoritaires comme dans la finance ou la politique. Cependant, je trouve que le journalisme ne l’est pas. Avant moi, il y avait des grandes figures de la télévision comme Christine Ockrent ou Anne Sinclair. Je dirais même que j’ai profité d’être une femme. En 1991, on est venu me chercher sur les 3 chaines pour faire la même chose. Les journaux devaient être féminisés car ils étaient très masculins. Certes je suis fière, mais je ne me sens pas différente, je ne suis pas dans un environnement machiste.




Vous êtes un personnage médiatisé, public… est-ce que cette notoriété vous a permis de réaliser des choses qui vous tenaient à cœur ?


On peut faire beaucoup de choses avec cette notoriété ! Même si c’est parfois un peu pesant et intrusif, notamment sur la vie privée, c’est globalement une gratification. C’est une source de bonheur, de chaleur humaine. On a autour de soi une auréole de sympathie. Je ressens cela très fortement et ça m’apporte beaucoup. Cela m’a effectivement conduite à découvrir des associations et on est forcément obligé de mettre cette notoriété à leur service. Avoir le sentiment de faire un tout petit peu pour les autres est très important ! La notoriété me permet aussi d’aider ponctuellement, j’ai tout le temps des demandes d’aides de gens autour de moi qui n’auraient pas accès à un médecin, à une école… J’essaye de les aider, ça m’aide et ça m’a beaucoup aidée. Même personnellement, je pense aussi que si j’ai pu écrire des livres,c’est parce que j’avais un éditeur. Je ne pense pas qu’il aurait pris mon manuscrit si je n’avais pas fait de télévision.



Autre que le journalisme, quelles sont vos autres passions ?


Je suis passionnée par la culture au sens large ! Je le fais en dilettante ! Je ne suis pas pianiste et je n’ai malheureusement pas fait de la danse mon métier, j’aurais aimé. C’est une vraie passion ! Au sens global, j’aime aller voir un acteur au cinéma, voir des metteurs en scène, lire des livres… C’est ça ma passion, mais c’est une passion d’amateur éclairé ! Ce n’est pas une passion de spécialiste.



Avez-vous un rêve que vous n’avez encore jamais réalisé ?


Je pense que le rêve, c’est de jouer, c’est de transmettre des émotions ! Je l’ai fait un peu par des lectures, je suis allée sur scène, j’ai vu ce que c’était d’être face à un public. J’ai un peu réalisé ce rêve, sur la pointe des pieds. J’aimerais peut-être le faire différemment avec une autre dimension.


Claire Chazal
 
 
 

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© Clement Bargain

 

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